
Web2 désigne aujourd'hui le modèle internet dominant, fondé sur une architecture centralisée serveur-client apparue après l’éclatement de la bulle internet au début des années 2000. Cette évolution marque le passage décisif des pages web statiques à des contenus dynamiques et interactifs, permettant aux utilisateurs non seulement de consommer, mais aussi de créer et partager des contenus. Au sein de l’écosystème Web2, des géants technologiques comme Google, Facebook (Meta) et Amazon se sont imposés comme fournisseurs centralisés de données et de services, maîtrisant aussi bien les données des utilisateurs que les règles des plateformes.
L’origine de Web2 remonte à 1999, lorsque Darcy DiNucci introduit pour la première fois la notion de « Web 2.0 », mais ce n’est qu’en 2004 que le concept acquiert une large notoriété grâce à la conférence Web 2.0 organisée par Tim O’Reilly. Web2 symbolise la mutation de l’internet, passant des pages HTML statiques à la génération dynamique de contenu, avec l’essor des réseaux sociaux, du contenu généré par les utilisateurs et des services cloud comme traits distinctifs majeurs de cette ère. La généralisation des smartphones et l’avènement de l’internet mobile ont accéléré le développement de Web2, conduisant à un écosystème numérique centré sur les applications, tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Le mécanisme de fonctionnement de Web2 repose principalement sur une architecture centralisée de serveurs. Les utilisateurs adressent leurs requêtes aux serveurs via des navigateurs ou des applications ; ces serveurs traitent ensuite les demandes pour fournir les données ou services attendus. Les données des utilisateurs sont alors stockées dans les centres de données des prestataires, qui les analysent pour optimiser l’expérience, tout en les exploitant à des fins commerciales, principalement via des modèles publicitaires. Les systèmes d’authentification et d’autorisation permettent aux plateformes de contrôler l’accès aux ressources, tandis que les API favorisent l’intégration et l’interopérabilité entre applications, formant un écosystème internet très connecté.
Même si Web2 a favorisé un accès à l’information sans précédent et renforcé les liens sociaux, il présente de nouveaux risques majeurs. D’une part, les problématiques de confidentialité des données se sont accentuées : la concentration des données entre les mains de quelques grands acteurs technologiques a souvent conduit à une exploitation commerciale sans consentement éclairé des utilisateurs. D’autre part, l’architecture centralisée introduit un risque de point de défaillance unique : panne ou cyberattaque contre les serveurs principaux peuvent entraîner des interruptions massives de service. De surcroît, le pouvoir de censure et de contrôle de l’information exercé par ces plateformes inquiète, celles-ci pouvant à tout moment décider de la visibilité des contenus ou de la pérennité des comptes. À mesure que la digitalisation s’intensifie, les menaces liées à la cybersécurité – violations de données, usurpation d’identité – se multiplient.
Web2 représente une étape décisive dans l’évolution de l’internet, faisant passer ce dernier d’un outil de consultation à une véritable infrastructure de l’interaction sociale et du commerce numérique. Malgré les nombreux défis à relever, Web2 poursuit sa transformation en adoptant de nouvelles technologies pour améliorer l’expérience utilisateur. Toutefois, afin de pallier les limites structurelles liées à la centralisation, la prochaine évolution de l’internet, le Web3, s’appuie sur des technologies décentralisées, préfigurant ainsi un changement de paradigme majeur dans l’écosystème numérique.


