Pour être honnête, beaucoup de gens réagissent en entendant parler de Morpho en disant "encore un protocole de prêt plus rapide et plus économique". Mais si vous prenez vraiment le temps d'étudier l'ensemble de l'architecture qu'il a construite au cours des deux dernières années, vous vous rendrez compte que ce jugement est en fait assez superficiel.

Ce que fait Morpho, ce n'est pas de rendre l'emprunt d'argent moins cher de quelques points de base, mais d'essayer de changer la logique sous-jacente du prêt sur la chaîne - de "l'algorithme décide" à "la structure décide". Ça a l'air un peu abstrait ? Pour le dire autrement : la finance traditionnelle est passée des prêts entre amis aux systèmes de notation de crédit, de tarification des risques et de gestion des échéances. Ce que Morpho veut reproduire sur la chaîne, c'est cette évolution.

Regardons maintenant les prêts DeFi qui sont à la mode. En essence, que sont-ils ? C'est une machine à taux d'intérêt alimentée par des AMM. Vous jetez de l'ETH dans le pool, l'algorithme calcule le taux d'intérêt en fonction du taux d'utilisation des fonds, tout le monde partage la liquidité et assume également le risque. Techniquement, c'est très élégant, mais financièrement, il y a une faille : la relation de prêt est gommée dans l'algorithme.

Vous ne pouvez pas exprimer votre tolérance au risque, ni choisir la durée de l'emprunt, l'exposition au risque étant répartie uniformément par le système, et non conçue par vous-même. Tout le monde utilise le même taux d'intérêt et subit le même type d'exposition au risque. Cela entraîne un résultat : la TVL peut augmenter, mais la structure de crédit ne peut pas se consolider. L'argent est en circulation, mais les relations ne se forment pas.

Ce que Morpho veut faire, c'est retrouver cette "relation". Ce n'est pas une optimisation de l'algorithme, mais une redéfinition de la manière dont le crédit est produit - faire en sorte que le prêt redevienne ce qu'il devrait être : une relation financière qui peut être structurée, évaluée et gérée.

Ce n'est pas une itération, c'est un changement de chemin.